vendredi 14 novembre 2014

La femme aux fleurs de papier, Donato CARRISI, Calmann-Lévy, 2014, 211 p.



Ceux qui ont lu les précédents romans-thrillers de Carrisi (Le chuchoteur/ Le tribunal des âmes/ L’écorchée) vont être surpris comme je l’ai été parce que ce récit n’est pas un thriller. C’est juste un excellent roman très bien construit, plein de charme, d’émotions et de sentiments : des histoires dans l’histoire, une histoire à tiroirs. Carrisi se révèle être un excellent conteur et donc plaisir de le lire et, comme le dit Guzman, un des personnages du roman, il faut partager ces histoires avec les autres, ceux qui aiment lire et surtout écouter. Encore un coup de cœur !

jeudi 13 novembre 2014

Orphelins de Dieu, Marc BIANCARELLI, Actes Sud, 2014, 236 p.



Coup de cœur pour ce « western » dans la Corse du XIX°. L’intrigue est simple : Venerande, jeune paysanne, veut venger son frère défiguré et la langue coupée par 4 crapules. Elle contacte l’Infernu, tueur à gages, truand et prédateur notoire. La traque peut alors commencer ! La narration est quelquefois tortueuse et c’est le personnage de l’Infernu et sa vie qui en seront le centre. Au départ, l’Infernu et ses comparses sont des patriotes rebelles et fanatiques corses qui combattent les soldats de l’Empire puis ceux du Roy : « Ils ne promettaient pas la guerre, ils la faisaient, ils la portaient, partout où se trouvaient leurs ennemis. » Ils deviennent ensuite une horde sanguinaire d’êtres abominables et immoraux. Si le récit est sauvage et cruel, tournant souvent au carnage et à la boucherie ; la langue et le style sont particulièrement soignés et savoureux. Passionnant !

Ex. : "On ne voyait pas son visage dans l'obscurité de la pièce et les bûches à peine ravivées du foyer ne donnaient pas assez de flammes pour qu'on eût pu le voir, non qu'il désirât qu'on le vît."

lundi 10 novembre 2014

L’écrivain national, Serge JONCOUR, Flammarion, 2014, 390 p.



(Par l’auteur de « L’amour sans le faire ») Serge, écrivain, est invité dans une petite ville de 2000 habitants entre Nièvre et Morvan pour être un « écrivain national » au service de la communauté et pour la promouvoir. Dès son arrivée , il tombe sur un fait divers dans la presse locale qui relate la disparition d’un riche maraîcher et l’arrestation d’un couple de néoruraux (marginaux). La photo de la fille, Dora, l’interpelle comme si « elle le convoquait » personnellement. Mais s’immiscer dans l’intimité d’une bourgade où tout le monde se connaît n’est pas évident : « On ne débarque pas impunément dans la sphère des autres. On ne joue jamais sur le terrain des autochtones sans en payer le prix fort à un moment ou à un autre. »Très belle intrigue, originale, bien construite. Une belle écriture qui nous plonge dans les problèmes ruraux où écologie et économie se disputent, avec au centre une histoire sentimentale. Bien vu l’artiste, en tous cas moi, j’ai été scotché dès le début ! Un très bon moment de lecture !

mercredi 5 novembre 2014

Les réputations, Juan Gabriel VÁSQUEZ, Seuil, 2014, 185 p.



Le colombien Javier Mallarino a 65 ans et on est à la veille de la cérémonie où la réputation de ce célèbre caricaturiste politique va être immortalisée après 40 ans. « Ce qui dérangeait le plus les victimes de ses caricatures, Mallarino l’avait constaté avec le temps, n’était pas de voir leurs défauts étalés, mais que les autres les découvrent comme un secret sorti au grand jour. » D’un côté, il y a ceux qui lui en veulent d’avoir été égratignés et de l’autre, ceux qui lui en veulent de ne pas l’avoir été. Le caricaturiste a ainsi le pouvoir de faire et défaire des réputations par son dessin et la phrase assassine. Mais, « Les réputations », c’est aussi une réflexion sur la mémoire, l’oubli, la responsabilité de nos actes et le sentiment de culpabilité. Deux leitmotivs dans ce roman : « La caricature est un aiguillon enrobé de miel » et « C’est une pauvre mémoire que celle qui ne fonctionne qu’à reculons ». Roman bien construit et qui porte à réfléchir sur le pouvoir des médias.

lundi 3 novembre 2014

Diables au paradis, Franco Di Mare, Liana Levi, 2014, 278 p.



« Certains tableaux ne se regardent que de loin parce qu’on n’en apprécie la beauté qu’à une certaine distance. (…) Naples était comme ça : merveilleuse vue de loin ; défaite, insaisissable et indécente vue de près : le paradis gardé par des diables ! » C’est un roman à la sauce napolitaine couleur sanguine avec corruptions, extorsions, rétorsions, braquages, tueurs à gages, dealers, rackets, « cotisations » forcées, camorristes et système mafieux… « Diables au paradis », c’est tout ça truffé de citations, d’expressions, de recettes et de proverbes napolitains. A travers les destins des uns et des autres, c’est une approche sociologique de la ville de Naples. Passionnant !