EN ROUGE et NOIR ! "Il y a une foule de livres qu'il faut avoir lus, que je n'ai pas lus, estimant sans doute qu'ils avaient été assez lus sans qu'ils aient besoin que je les lise; pendant ce temps-là, je lisais d'autres livres."
(François CARADEC)
Et puis, il y a tous ceux que je voudrais lire...
Léo
http://leoalu. blogspot.com est toujours consultable.
« Il faut écrire
ce qu’on ignore. Au fond, le 14 juillet, on ignore ce qui se produisit. Les
récits que nous en avons sont empesés ou lacunaires. C’est depuis la foule sans
nom qu’il faut envisager les choses. Et l’on doit raconter ce qui n’est pas
écrit. Il faut le supputer du monde, de ce qu’on sait de la taverne ou du
trimard, du fond des poches et du patois des choses, liards froissés, croûtons
de pain. On aperçoit le très grand nombre muet, masse aphasique. » Et
le peuple affamé, spolié, exploité conflue à la Bastille. Le style est concis,
haché, saupoudré de litanies de noms, de sobriquets, de pays, de petits métiers
oubliés… et toujours le terme propre, le mot précis, la phrase ciselée et
sculptée à la fine gouge. Un constat plutôt qu’une prise de position d’un
observateur extérieur. On savoure, on sirote ! Merci l’ami de me l’avoir
mis entre les mains car c’eût été un crime de passer à côté.
Je suis tombé par hasard sur ce livre dans ma
« boîte à livres » et le nom de Markale m’a tout de suite interpellé.
En effet, à l’époque où j’étais encore prof d’histoire, j’avais potassé « Les Celtes et la civilisation celtique »,
« La femme celte », et
« Aliénor d’Aquitaine » parus
dans la collection « Regard sur l’histoire » aux Editions Payot. « Notre-Dame de la nuit » est loin
d’être un document scientifique puisqu’il s’agit bêtement d’un roman. Erwan
Merzhinn rentre chez lui un soir et constate que sa femme, Anne, a emporté ses
affaires et l’a quitté. Il erre dans la nuit et commence alors pour lui un long
voyage initiatique où il rencontrera la très étrange Moïra… Une trop longue 1ère
partie, une seconde plus « dynamique » et un épilogue inutile. Roman
un peu fantastique, fantasy, sulfureux, libidineux… qui reprend le thème de la
déesse-mère. Au final : déception !
Avec ce roman, j’ai replongé dans ma formation
classique latin-Grec et c’est avec bonheur que j’ai retrouvé Cicéron, cet homme
d’Etat romain du 1er s. av. J.C., célèbre par ses dons d’orateur.
« Dictator » est le récit des quinze dernières années de sa vie
rédigé comme une biographie qu’aurait écrite Tiron son secrétaire esclave et
ami. A travers les tumultes de l’histoire romaine : César, Pompée, Antoine
… on revit les prises de positions de Cicéron dont les discours lui créent amis
et ennemis, exils et honneurs. Si Cicéron est un formidable orateur, Tiron ou
plutôt Robert Harris est un passionnant conteur qui « raconte »
l’Histoire et c’est avec beaucoup d’intérêt et de plaisir qu’on s’immerge dans ces
« intrigues » politiques dont on connaît pourtant les
« chutes » et le dénouement. Captivant !