C’est
un roman qui touche, qui émeut par la poésie, l’émotion, l’humanité et la
profondeur qui s’en dégagent. Malgré sa structure complexe, ce sont des destins
qui se séparent, qui se retrouvent, qui se croisent ; des leçons de vie à
travers des personnages tantôt attachants et tantôt distants mais jamais
quelconques. C’est l’Afghanistan de 1950 à nos jours, sans jugement, sans
politique, juste une esquisse des mœurs ; c’est le Paris des années 70, la
Californie des années 2000, une île grecque… sans dépaysement. C’est presque un
conte philosophique dans lequel on a le bonheur de plonger à cœur perdu !
Citation !
« Quand
j’étais petite, mon père et moi observions le même rituel tous les soirs. Je
disais mes vingt bismillah ,
et il me bordait dans mon lit, puis il s’asseyait à mon chevet et arrachait les
mauvais rêves de ma tête avec son pouce et son index. Ses doigts sautillaient
de mon front à mes tempes en fouinant patiemment derrière mes oreilles, sur ma
nuque, jusqu’à ce qu’il émette un petit pop
semblable au bruit d’une bouteille qu’on débouche chaque fois qu’il délogeait
un cauchemar de mon cerveau. Il fourrait celui-ci avec les autres dans un sac
invisible sur ses genoux qu’il refermait en tirant fort sur le cordon. Après
quoi, il ratissait l’air en quête de beaux rêves pour remplacer ceux qu’il
avait attrapés. Je le regardais incliner légèrement la tête et froncer les
sourcils, ses yeux allant d’un côté à l’autre, comme s’il s’efforçait d’entendre
une musique lointaine. Je retenais mon souffle en attendant le moment où un
sourire éclairerait son visage, où il chanterait, Ah, en voilà un, et où il mettrait ses mains en coupe pour laisser
le rêve atterrir à l’intérieur, tel un pétale qui serait tombé lentement d’un
arbre en tourbillonnant . Et doucement, très doucement – mon père disait que
toutes bonnes choses dans la vie étaient fragiles et vite perdues -, il frottait
ses paumes contre mon front pour faire entrer le bonheur dans ma tête. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire