
Le commentaire de ma libraire se terminait par : « Elle nous offre 4 histoires en une ».
Il y a celle d’Etienne, reporter photographe, otage délivré qui retrouve la
liberté, sa mère, son village, son piano et puis ses amis d’enfance : Enzo
et Jofranka ; mais qui doit d’abord se retrouver lui et les mots. Il y a
celle d’Enzo, ébéniste et violoncelliste et puis celle de Jofranka, avocate à
La Haye et flûtiste. La 4ème est celle de la mère d’Etienne veuve d’un marin
perdu en mer, tellement présente et discrète. On pourrait ajouter celle d’Emma,
ex maîtresse d’Etienne, qui vit avec Franck… Quelle écriture ! Des phrases
courtes, incisives mais où il y a la force et l’impact de chaque mot qui nous
plongent dans l’intimité des personnages : l’enfance, l’absence, le
destin, l’attente, la mort, la peur, l’amitié, l’amour, le confinement… « La volonté d’être réunis. Dans la tête d’Etienne,
deux mots qui ne le quittent plus depuis le début du repas. A peine. A peine. C’est
comme si on s’était à peine quittés. A peine… mais la peine, elle est là et
nous sommes à peine présents. Notre peine secrète, ancienne. Notre peine qui
essaie encore de passer inaperçue… Nous sommes quatre autour de la table.
Quatre à peine. » Ne sommes-nous pas chacun l’otage de quelqu’un ou de
quelque chose ? Très beau roman qui fait la différence entre l’écrivain et
le romancier ! Frémissements !