dimanche 28 août 2016

14 juillet, Eric VUILLARD, Actes Sud, 2016, 200 p.



« Il faut écrire ce qu’on ignore. Au fond, le 14 juillet, on ignore ce qui se produisit. Les récits que nous en avons sont empesés ou lacunaires. C’est depuis la foule sans nom qu’il faut envisager les choses. Et l’on doit raconter ce qui n’est pas écrit. Il faut le supputer du monde, de ce qu’on sait de la taverne ou du trimard, du fond des poches et du patois des choses, liards froissés, croûtons de pain. On aperçoit le très grand nombre muet, masse aphasique. » Et le peuple affamé, spolié, exploité conflue à la Bastille. Le style est concis, haché, saupoudré de litanies de noms, de sobriquets, de pays, de petits métiers oubliés… et toujours le terme propre, le mot précis, la phrase ciselée et sculptée à la fine gouge. Un constat plutôt qu’une prise de position d’un observateur extérieur. On savoure, on sirote ! Merci l’ami de me l’avoir mis entre les mains car c’eût été un crime de passer à côté.

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