« Il faut écrire
ce qu’on ignore. Au fond, le 14 juillet, on ignore ce qui se produisit. Les
récits que nous en avons sont empesés ou lacunaires. C’est depuis la foule sans
nom qu’il faut envisager les choses. Et l’on doit raconter ce qui n’est pas
écrit. Il faut le supputer du monde, de ce qu’on sait de la taverne ou du
trimard, du fond des poches et du patois des choses, liards froissés, croûtons
de pain. On aperçoit le très grand nombre muet, masse aphasique. » Et
le peuple affamé, spolié, exploité conflue à la Bastille. Le style est concis,
haché, saupoudré de litanies de noms, de sobriquets, de pays, de petits métiers
oubliés… et toujours le terme propre, le mot précis, la phrase ciselée et
sculptée à la fine gouge. Un constat plutôt qu’une prise de position d’un
observateur extérieur. On savoure, on sirote ! Merci l’ami de me l’avoir
mis entre les mains car c’eût été un crime de passer à côté.
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