jeudi 17 mars 2016

Kannjawou, Lyonel TROUILLOT, Actes Sud, 2016, 193 p.



Kannjawou, c’est LA fête, mais c’est aussi un bar réservé aux notables de la ville et aux « représentants gouvernementaux » qui s’y retrouvent pour s’encanailler le mercredi soir, là où travaille Sophonie, une du club des « cinq ». Ce sont 5 jeunes gens qui rêvent d’avenir dans un misérable quartier, rue de l’Enterrement, proche du grand cimetière. 5 jeunes au caractère différent : Sophonie et sa sœur Joëlle ; Wodné, le rebelle, amoureux de Joëlle et les deux frères : Popol et le narrateur. Nous sommes sous l’occupation militaro-humanitaire américaine et celle des ONG planétaires (avant Papa Doc !) Les bas et les hauts quartiers ne se mélangent pas. C’est une espèce de tragédie, une fresque sociale où l’atmosphère fataliste et pessimiste est retranscrite par le narrateur : « Il faut consigner les choses du temps qui passe. Un jour, tu ne seras plus là. Le présent deviendra passé. Et il mourra si personne ne note quelque part ce qui fut et ce qui ne fut pas » dixit man Jeanne. « Quand tu ne sais comment tu vas finir le jour, il n’y a dans ta vie ni hier ni demain, ni rêve ni mémoire. » Mais, en fait, qu’est-ce qu’être ? Très belle écriture qui accapare le lecteur !

samedi 12 mars 2016

Promesse, Jussi ADLER OLSEN, Albin Michel, 2016, 649 p.



Au Département V de la Crim, c’est toujours sur une affaire classée (cold case) qu’enquêtent Carl Mørk et sa petite équipe, relégués dans les sous-sols du bâtiment. Cette fois, il s’agit d’une banale affaire d’accident : la fin tragique d’Alberte, 19 ans, tuée par un chauffard en délit de fuite, 17 ans plus tôt. L’enquête démarre très lentement et les indices viennent au goutte à goutte, mais on connaît la volonté, la détermination, l’obstination de Mørk et de ses assistants pour clore un dossier ; du moins pour ceux qui lisent Adler Olsen depuis sa première enquête (on en est à la 6ème !) On appréciera alors d’autant plus les personnages, leur personnalité, leur caractère et leurs vieux démons. Si l’enquête est bouclée, il n’en reste pas moins que certains « petits » secrets personnels restent encore bien cachés. Un réel plaisir à chaque fois !

Histoire de l’escargot qui découvrit l’importance de la lenteur, Luis SEPÚLVEDA, Métailié, 2014, 94 p. (jeunesse, dès 8 ans)





Si un jour, un de mes petits-fils me demandait : « Pourquoi l’escargot est-il si lent ? » Je lui lirais ou je lui raconterais cette très belle fable (conte) de Sepùlveda.

jeudi 3 mars 2016

Scipion, Pablo CASACUBERTA, Métailié, 2015, 262 p.



« Comment peut-on survivre lorsqu’on a été surnommé Anibal par un père, historien et professeur émérite ? » Notre héros, le narrateur, historien lui aussi, n’a jamais été à la hauteur des rêves de son géniteur : ainsi Anibal le pense-t-il ! Mais le père meurt et le fils résiste à ses lamentations paranoïaques d’enfant déshérité ; il héritera néanmoins tardivement aux conditions testamentaires de son père si… ! Anibal (Hannibal) vaincu par son père « Scipion » renaît alors de ses cendres. Un récit à l’écriture fouillée, travaillée (même si c’est une traduction) et agréable malgré les nombreuses digressions, diversions, soliloques, espèces de masturbations cérébrales du narrateur, le fils, dont on partage le destin. J’ai finalement beaucoup aimé et je l’ai terminé avec une larme à l’œil !