jeudi 17 septembre 2015

Otages intimes, Jeanne BENAMEUR, Actes Sud, 2015, 192 p.



Le commentaire de ma libraire se terminait par : « Elle nous offre 4 histoires en une ». Il y a celle d’Etienne, reporter photographe, otage délivré qui retrouve la liberté, sa mère, son village, son piano et puis ses amis d’enfance : Enzo et Jofranka ; mais qui doit d’abord se retrouver lui et les mots. Il y a celle d’Enzo, ébéniste et violoncelliste et puis celle de Jofranka, avocate à La Haye et flûtiste. La 4ème est celle de la mère d’Etienne veuve d’un marin perdu en mer, tellement présente et discrète. On pourrait ajouter celle d’Emma, ex maîtresse d’Etienne, qui vit avec Franck… Quelle écriture ! Des phrases courtes, incisives mais où il y a la force et l’impact de chaque mot qui nous plongent dans l’intimité des personnages : l’enfance, l’absence, le destin, l’attente, la mort, la peur, l’amitié, l’amour, le confinement… « La volonté d’être réunis. Dans la tête d’Etienne, deux mots qui ne le quittent plus depuis le début du repas. A peine. A peine. C’est comme si on s’était à peine quittés. A peine… mais la peine, elle est là et nous sommes à peine présents. Notre peine secrète, ancienne. Notre peine qui essaie encore de passer inaperçue… Nous sommes quatre autour de la table. Quatre à peine. » Ne sommes-nous pas chacun l’otage de quelqu’un ou de quelque chose ? Très beau roman qui fait la différence entre l’écrivain et le romancier ! Frémissements !

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