lundi 29 juin 2015

Victor et Macha, Alona KIMHI, Gallimard, 2015, 500 p.



Victor et Macha sont deux ados ukrainiens, frère et sœur de 16 et 17 ans. Juifs, ils ont émigrés en Israël avec leurs parents. Devenus orphelins, suite à l’accident de voiture de leurs parents, ils passent de Kibboutz en internats jusqu’au jour où leur grand-mère paternelle décide à son tour d’émigrer en Israël pour les prendre en charge. Catherine, la grand-mère, vieillit et les deux ados ne sont pas faciles à gérer : Victor est inconscient et irresponsable et Macha est une rebelle. Ils devront néanmoins s’intégrer dans cette mosaïque de peuples et de cultures qui rejoignent l’Etat d’Israël. Nous sommes dans les années 70. La psychologie des personnages est très réaliste, le récit est plaisant mais pas vraiment captivant.

Amour, colère et folie, Marie VIEUX-CHAUVET, Zelma, 2015, 490 p.



Espèce de trilogie regroupée en un volume et publiée en 1968 par Gallimard, puis retirée de la vente par peur de la fureur de François Duvalier (Papa Doc et ses tontons macoutes).
* Amour. Claire, aristocrate, mulâtre à la peau foncée alors que ses deux sœurs ont la peau claire, supporte résignée son célibat. Elle est maîtresse et domestique à la fois de leur maison qu’elle gère comme elle peut. Mais Claire passera de la résignation à l’espoir d’être aimée puis sombrera dans l’aigreur et la désillusion.
* Colère. C’est le destin malheureux d’une famille expropriée par le pouvoir. Certains se résigneront puisqu’on ne peut pas lutter contre la fatalité, d’autres céderont corps et biens à l’inévitable, et plutôt corps que biens et le dernier acceptera compromission et corruption : le pouvoir a toujours raison et la raison du pouvoir est toujours la meilleure.
* Folie. C’est la confrérie des poètes fous, méconnus, mendiants, sous-alimentés, désarmés, livrés à la cruauté des « hommes en uniforme noir » et de Mr Potentat qui font régner la terreur à Port-au-Prince et dans l’île.
Fine analyse de la condition haïtienne au siècle dernier. Interpellant !

mercredi 24 juin 2015

Un lieu secret, David BELL, Actes Sud/noirs, 2015, 330 p.



Après « Fleurs de cimetière » consulté de nombreuses fois sur mon blog, David Bell signe ici un second polar/thriller de haut niveau. Janet avait 7 ans quand son frère Justin de 4 ans disparaît de la plaine de jeux et est ensuite retrouvé mort dans le bois qui la jouxte. Dante Rogers, un jeune noir, est vite accusé du meurtre suite aux nombreux témoignages recueillis par la police. 25 ans plus tard, Janet se demande toujours ce qu’il s’est passé ce jour-là et elle n’est pas la seule. L’inspecteur Stynes qui avait collaboré à l’enquête s’interroge également après que le meurtrier présumé de Justin est élargi et, qu’après 25 ans, il clame toujours son innocence. Une intrigue très bien menée avec des rebondissements qui nourrissent le suspens jusqu’à la fin.

samedi 20 juin 2015

Prends garde, Milena AGUS, Luciana CASTELLINA, Liana Levi, 2015, 90 et 80 p.





« Prends garde » est un récit à deux voix : celle de la romancière et celle de l’historienne qui abordent le même sujet : celui du destin des quatre sœurs Porro del Quadrone, propriétaires terriens à Andrea dans Les Pouilles ; bigotes, parfaites et satisfaites d’elles-mêmes, vivant dans leur bulle en ignorant la révolte du petit peuple exploité. Nous sommes en 1946 après le débarquement allié dans le sud de l’Italie. J’ai retrouvé dans le roman une atmosphère semblable à « Mal de pierres (2007) » et à « La comtesse de Ricotta (2012) ». J’ai pris beaucoup de plaisir.


vendredi 19 juin 2015

La lumière de la nuit, Keigo HIGASHINO, Actes Sud/Noirs, 2015, 668 p.



Un prêteur sur gages est retrouvé assassiné dans un immeuble en construction. C’est Sasagaki, policier, qui va mener l’enquête qui se révèlera vite une impasse. Il y aura d’autres cadavres dans le placard et le policier pense qu’ils sont liés. Vingt ans plus tard, Sasagaki rouvrira le dossier. Si le récit est tortueux et les nombreux personnages aux noms japonais difficiles à mémoriser (sans fiche), il est magistral au niveau de la construction, de la personnalité des personnages principaux et de la tension soutenue du début à la fin. Ce n’est pour moi ni un thriller, ni un polar, mais plutôt un roman d’atmosphère à la nippon(n)e. Un excellent moment de lecture, difficile à quitter tant on est pris par ce roman. (C’est le 5ème que je lis de cet auteur et je n’ai jamais été déçu !)