samedi 29 septembre 2012

Petite table, sois mise, Anne SERRE, Verdier, 2012, 59 p.



(Plus que coquin et léger... ! bien que !)                   
Sous une couverture (de livre !) très pudique se cache un récit qui l’est d’autant moins, en tout cas dans la première partie de ce très court roman où la narratrice se sent délicieusement bercée par l’impudeur totale des mœurs et des fantasmes des membres de la maisonnée : une mère qui vit nue à longueur de journée, un père incestueux qui sort habillé en femme dès que l’occasion se présente, des relations très intimes sans aucun tabou dans un débordement de sexualité... Et puis l’adolescente de 15 ans qui part vivre sa vie parce qu’elle se sent prête et c’est alors son errance qu’elle nous relate. Il y aussi cette table au bois ciré qui reflète comme un miroir les amours interdits et qui nous revient de temps à autre comme un leitmotiv avec un clin d’œil à un conte de Grimm. Une écriture fine, féminine, très suggestive et sensuelle pour un public averti et non conformiste.
* Cela m'énerve quand on colle l'étiquette "érotique" à un récit dont le message ne l'est pas nécessairement. On dirait que les gens n'y voient que cela et moi j'y ai vu autre chose... aux lecteurs à voir, à lire, à abandonner ou à fustiger. L'errance de la seconde partie est plus profonde. C'est vrai qu'il peut être dérangeant concernant l'éthique familiale et la normalité de la sensualité mais... l'écriture délicate m'a séduit. En plus, A. Serre a fait très court et l'on n'a donc pas à approfondir... le sujet que l'on pourrait lire comme un conte.

Leçons singulières, David ABBOTT, Rivages, 2012, 295 p.




              
Henry, homme d’affaires londonien, se voit gentiment prié par ses associés de prendre sa retraite. Cela l’oblige à prendre du recul sur ce qu’il a été et sur ce qu’il est. Les flashs-back et les ellipses m’ont gênés dans la construction de la ligne du temps de la vie d’Henry Cage mais, oui, il y a des leçons : celles vis-à-vis de son travail et de sa vie professionnelle ; celles d’un mari, d’un père, d’un grand-père trop absent ; la confrontation avec la mort, celle de Nessa, son ex-épouse en phase terminale de cancer et celle de son petit-fils ; les démêlés d’Harry avec la justice… Tout est écrit dans une atmosphère intime, feutrée, fataliste. Sans être vraiment entré dans le récit ni m’être identifié au personnage d’Henry alors que nous partageons le même âge, je me suis laissé simplement porté par le rythme d’une marée dont le flux était plus souvent à marée basse. C’est un premier roman et mon sentiment est mitigé.

lundi 24 septembre 2012

Volte-face, Michael CONNELLY, Calmann-lévy, 2012, 434 p.



              Suspens !

L’inspecteur Harry Bosch, personnage fétiche de Connelly, est associé à l’enquête lors de la révision du procès de Jason Jessup condamné pour le meurtre d’une fillette, 24 ans auparavant. Jessup et son avocat veulent obtenir l’annulation de la sentence et la déclaration d’innocence de l’accusé. Mickey Haller, brillant avocat de la défense, se retrouve comme procureur indépendant de l’accusation, assisté de son ex-épouse procureur. Enquêtes, procédures judiciaires, joutes verbales, arguties des uns et des autres font de ce roman un excellent récit à suspens. Si j’avais été déçu par « Les neuf dragons » qui relatait néanmoins la mort de l’ex-femme de Bosch lors d’une tuerie en Chine et la récupération de son adolescente de fille, avec « Volte-face », je me suis retrouvé scotché du début à la fin ! Génial !


mardi 18 septembre 2012

Les accusées, Charlotte ROGAN, Fleuve noir, 2012, 373 p.



                      Roman psychologique américain.
   
A la veille de la première guerre mondiale, en 1914, Henry Winter, riche banquier américain et Grace, sa jeune épouse, embarquent sur le paquebot « l’Impératrice Alexandra ». A l’instar du Titanic, le paquebot va couler suite à une avarie en plein milieu de l’Atlantique. Grace se trouvera de justesse dans une chaloupe avec 39 autres passagers. C’est son odyssée pendant 21 jours, confinée dans le frêle esquif qui manque à tout moment de chavirer au gré des éléments, que Grace, la narratrice, va nous relater à la manière d’un journal de bord. Ensuite, viendra l’enquête du tribunal où elle comparaîtra avec deux autres rescapées accusées d’être responsables de la mort du marin de la chaloupe. La psychologie très féminine des personnages est intéressante mais on se lasse parfois des longues descriptions de ses compagnons d’infortune, de leurs relations et de leurs comportements. J’avoue avoir lu de larges passages en diagonale, un peu détaché de l’histoire et de ses personnages.

lundi 17 septembre 2012

Prince d’orchestre, Metin ARDITI, Actes Sud, 2012, 373 p.



                       Tragédie

En 2011, j’avais vraiment beaucoup aimé « Le Turquetto », mais là, avec « Prince d’orchestre », c’est véritablement un coup de cœur ! Comment ne pas vibrer, frissonner, tressaillir… à la lecture de ce roman qui relate le destin tragique d’Alexis Kandilis, chef d’orchestre de renommée internationale, adulé de tous … et puis un « couac » à la 661ème mesure de la 9ème, et du pinacle, le génie tombe dans l’abîme. Le roman d’Arditi est réglé comme du papier à musique, orchestré de main de maître, à la baguette, au tempo respecté et sans fausse note. « Le maestro n’était pas fait pour la musique, c’est la musique qui était faite pour lui. » Septième ciel, extase et nirvana.


samedi 15 septembre 2012

Maleficium, Martine DESJARDINS, Phebus, 2012, 167 p.



                 Roman français canadien

A travers huit tableaux/contes/nouvelles, l’auteure nous plonge dans une atmosphère quelque peu sulfureuse, sensuelle, épicée et chargée de senteurs orientales. Huit confessions donc auprès du même abbé qui, dans une structure redondante mais qui ne lasse pas, nous relatent à la première personne, les mésaventures diaboliques de huit personnages. Il y a à travers eux – tableaux et personnages- un fil d’Ariane qui nous fait nous émerveiller de la chute du 8ème. Que de bonheur de se retrouver dans ces « Contes des mille et une nuit », de ces « Canterbury Tales » revisités dans une langue ciselée, tellement savoureuse et pleine de piment. On garde d’ailleurs au fil des histoires, ce parfum safrané de la 1ère tant dans le nez qu’au palais. Un vrai régal pour tous nos sens !