mardi 28 février 2012

DAVRICHEWY, Kéthévane, Les séparées, Sabine Wespeiter Editeur, 2012 (181 p.)


                  Psychologie et introspection

Alice et Cécile ont 16 ans et elles sont les meilleures amies du monde : une amitié fusionnelle pure et sincère. Trente ans plus tard, Alice petit-déjeune seule dans un café parisien en se retraçant dans sa tête leur parcours à toutes les deux. Cécile est dans un semi-coma à l’hôpital et elle refait mentalement la même chose. Pour les deux, le problème est de comprendre la raison de leur rupture amicale. Ce roman à deux voix est fait de remémorations, de réminiscences, de souvenirs tantôt agréables, tantôt tristes. « Toutes deux vivaient dans un monde parallèle où se cotoyaient des idoles et des êtres sortis de leur imaginaire… » mais, un jour, il leur faudra se heurter à la réalité et il est nécessaire parfois de comprendre le passé pour guérir le présent ! Un roman écrit dans un style très agréable, empreint de profondeur et de féminité.

lundi 27 février 2012

ASPE, Pieter, Pièce détachée, Albin Michel, 2011 (300 p.)


               Polar belge

Cette neuvième enquête du commissaire Van In commence par un banal home-jacking, un auriculaire arraché, la disparition d’un garçon d’écurie, l’incendie d’un centre équestre… Van In et Hannelore vont devoir démêler tous les liens qui se sont tissés entre les nombreux pro et antagonistes. Nous sommes toujours à Bruges, les réparties sont pleines d’humour et les situations plus émoustillantes qu’à l’ordinaire : une petite récréation.

jeudi 23 février 2012

MALTE, Marcus, Les harmoniques, Série noire Gallimard , 2011 (370 p.)


           Roman noir

Vera Nad, 26 ans, croate, ne rêve que de théâtre. Elle s’est réfugiée à Paris où elle tente de percer. Un beau matin son corps est retrouvé incendié dans un entrepôt désaffecté. L’enquête est vite bouclée et les deux assassins , petites frappes, petits dealers, sont arrêtés sans problème. Mais tout paraît trop simple pour Mister, pianiste noir, et pour son vieil ami, Bob, chauffeur de taxi. Les deux comparses vont mener une enquête personnelle. Tant à travers les deux personnages émouvants et complices de Mister et Bob, que dans cette intrigue jazzique à l’écriture toute empreinte de musicalité et de tempo, on revisite la guerre des Balkans et ses horreurs, ses bourreaux et les massacres ethniques. Mister et Bob, personnages profondément honnêtes et naïfs, vont se frotter à la corruption et aux magouilles de la haute sphère politique française où l’ambition, le pouvoir et l’argent pourrit tout.
Pour Mister, les « harmoniques », c’est la mélodie qui reste en tête, comme une espèce de prolongement de plaisir, après que le musicien ait fini de jouer et moi, j’ai vraiment ressenti les harmoniques de ce roman pour lequel j’ai vibré. « Everytime we say goodbye » (Cole Porter, Coltrane, Nina Simone, Hammond… et les autres.)

PÉREZ-REVERTE, Arturo, Cadix, ou la diagonale du fou, Seuil , 2011 (760 p.)


            Roman historique, maritime, social et policier

1811 : l’Espagne est occupée par les troupes françaises et Joseph Bonaparte est sur le trône. Cadix, la libérale, tapie derrière ses remparts, résiste aux coups des canons français tirés du Trocadéro. L’intrigue est scandée par le destin de différents personnages : un policier brutal et corrompu qui tente d’arrêter l’assassin de jeunes-filles mortes torturées par une espèce de tueur en série ; un taxidermiste espion ; un médecin légiste expert aux échecs et philosophe à ses heures ; un artilleur français qui passe son temps à calculer la portée de ses obus et bombes, une jeune femme armatrice et spéculatrice qui tente de résister aux aléas de la guerre et de la mer ; un commandant corsaire prêt à risquer sa vie par amour… tout ce beau monde constitue l’univers de ce roman plus d’atmosphère qu’à suspens. Récit agréable à lire bien que l’on se perde parfois dans les états d’âme et les questions métaphysiques des uns et des autres.

mardi 14 février 2012

MONALDI & SORTI, Veritas, Plon , 2011 (667 p.)


        Roman historique

« Veritas » est d’abord un très sérieux manuel d’histoire, une espèce de chronique ou de fresque qui nous plonge dans la politique européenne de 1711. De longues (très longues) descriptions des monuments et sites de la Vienne du XVIIIè, la vie quotidienne, les intrigues et les alliances politiques, Maximilien, Soliman, Joseph Ier et tout cela dans une langue recherchée au vocabulaire pointu : c’est un récit qui brille par son érudition : 14 références musicales, 20 pages de notes et 349 références bibliographiques qui devraient ravir les amateurs d’ Histoire.
La 4ème de couverture annonce un « polar nerveux » et un « suspens irrésistible », mais, arrivé à la 170ème page, toujours rien ! Malgré l’écriture très soignée, mon impatience a été gagnée par la stagnation de l’intrigue et par un ennui profond. Sans doute aurais-je dû être un lecteur plus persévérant ?

dimanche 5 février 2012

INDRIDASON, Arnaldur, Bettý, Métailié noir, 2011 (206 p.)


           Roman noir psychologico-atmosphérique

Avec « Bettý », Indridason fait l’impasse avec son commissaire fétiche Erlandur Sveinsson. Mais le lecteur fan ne sera pas déçu parce qu’il découvre une intrigue en « je » implacable où le narrateur qui se retrouve en détention préventive pour un meurtre qu’il crie n’avoir pas commis n’arrête pas de l’interpeller : « Comment ai-je pu laisser cela se produire ! » Et moi, lecteur, je me suis pris une gifle en pleine figure (avec un « Et merde ! » retentissant ) en lisant la 1ère phrase du 18ème chapitre, p. 113 ! et en me disant « Comment ai-je pu me laisser mystifier autant par l’art de l’auteur que par celui de son traducteur pendant une moitié de roman ? » Indidason s’est imposé un « exercice de style » impeccablement réussi. Petit clin d’œil à James Cain, « Le facteur sonne toujours deux fois. » ??? En tout cas, « Bettý » est un véritable petit chef d’œuvre de roman noir.