vendredi 23 septembre 2011

LAROUI, Fouad, La vieille dame du riad, Julliard, 2011


Première partie : François et Cécile Girard, la quarantaine bien tassée, sans enfant, habitent Belleville. François est un doux rêveur et veut s’installer quelque part, autre part. Ils décident de tout quitter et d’acheter un riad à Marrakech. Il trouve le riad de leur rêve avec un beau bigaradier au centre du patio. Mais le premier jour, ils découvrent une vieille dame toute chenue qui squatte la pièce du fond. Ils rencontrent alors Mansour, leur voisin, prof d’université. Mansour décide alors d’écrire un roman, celui de Tayeb qui a vécu dans ce riad et c’est toute l’histoire du Maroc du XXème siècle. qui constitue la deuxième partie du roman. Dans la 3ème partie, Cécile décide d’imaginer et d’écrire la suite de l’histoire de Tayed. Ce qui fait trois romans pour le prix d’un ! Les élucubrations du couple sont particulièrement savoureuses avec des dialogues aux réparties pleines d’humour pour céder la place à un récit historique très sérieux qui fait découvrir à François, à Cécile et au lecteur, les us et coutumes, la culture et l’histoire de la colonisation marocaine. Une belle leçon à tous ceux qui débarquent dans un pays sans rien en connaître et une fameuse gifle à tous les anciens pays colonisateurs qui se sont approprié des pays, des régions soi-disant pour les civiliser. Roman très réussi qui amuse et qui instruit à la fois.

mercredi 21 septembre 2011

HAYDER, Mo, Tokyo, Pocket, 2005


(Thriller)
Si j’ai beaucoup apprécié « Skin », « Rituel » et surtout « Proies » (le dernier) (voir http://leoalu.blogspot.com), j’ai voulu lire un des précédents que j’avais en réserve et bien m’en a pris parce que j’ai été scié ! C’est l’Histoire dans les histoires ! Il y a d’abord le vieux Shi Changming, Chinois, professeur de sociologie à Tokyo en 1990 et qui a vécu le massacre de Nankin en1937 durant la guerre sino-japonaise. Et puis, il y a Grey, jeune étudiante anglaise, venue à Tokyo pour étayer ses recherches sur Nankin. Grey sollicite l’aide du professeur qui posséderait un film sur les atrocités de Nankin. Les deux personnages vont passer un deal : Grey devra trouver le secret de l’élixir de jouvence du vieux yakusa Fuyuki pour avoir le film. Hayder construit son suspens comme un opéra : lento, andante, allegro, presto pour terminer par un « forte prestisssimo» qui fait accélérer le pouls du lecteur au risque de le faire suffoquer. Et même si quelques touches subtiles et discrètes permettent d’entrevoir la suite des événements et de comprendre progressivement la psychologie des personnages, l’alternance entre 1937 et 1990 donne un rythme certain à cette œuvre à la chute géniale. Une maestria !

vendredi 16 septembre 2011

ECO, Umberto, Le cimetière de Prague, Grasset, 2011

Dans une espèce d’exergue en fin de roman, Eco se rend compte que le lecteur peut/a pu se sentir perdu dans cette « fatale  dyscrasie », ce mélange entre histoire et intrigue, au point de se sentir obligé d’ajouter en plus un tableau de 3 pages intitulé « Inutiles précisions érudites ». Histoire, certes, celle d’un XIXème siècle, teintée d’antisémitisme, d’anticléricalisme, d’antimaçonisme, d’antijésuistisme, d’anti… et intrigue, telle un labyrinthe dans lequel on se perd ; font que je me suis égaré pendant 400 pages que j’ai ensuite désertées, soulagé d’avoir décidé de ne plus vouloir lire les 150 restantes qui n’allaient sans doute (sûrement) plus m’apporter mon plaisir de lecteur. Si l’écriture est soignée et peaufinée (traduction), le sujet a fini par me lasser malgré l’intérêt que je voulais lui porter. J'ai malgré tout beaucoup apprécié les gravures qui illustraient le récit.

mardi 6 septembre 2011

ROSS, Adam, Mr Peanut, 10/18, 2011



C’est l’histoire de trois couples. On commence et on termine avec celui de David et d’Alice. Elle mourra étouffée après avoir ingéré des cacahuètes auxquelles elle est mortellement allergique. Viennent alors s’insérer l’histoire du couple Hastroll-Hannah : Hastroll assiste à la décrépitude de sa femme qui décide volontairement de ne plus quitter son lit, et celle du couple Sam (Sheppard)-Marilyn qui se terminera par l’assassinat de Marilyn. A travers ces trois histoires, Ross décrit des vies de couples perturbées par la psychologie des différents personnages. Le scénario est original, embrouillé, perturbant à cause des va-et-vient incessants entre les trois couples, leur passé et leur présent. On est ainsi perdu entre fiction et réalité, ce qui met tantôt mal à l’aise, et tantôt avide de connaître la (les) chute(s). On a parfois envie de l’abandonner mais on ne peut pas. Le roman aurait pu s’intituler « Tout ce que vous n’avez pas envie de savoir sur le mariage et la vie de couple » tant la vision de l’auteur sur le sujet est négative. J’ai beaucoup apprécié le petit cours sur Hitchcock et ses films qui ont dû influencer l’auteur. Premier roman prenant et perturbant à la fois mais qui ne laisse pas indifférent : à lire avec une certaine distance… comme un roman !