samedi 31 décembre 2011

VINCENOT, Henri., Le pape des escargots, Folio n° 1474 (Fayard 1972)



Quel bonheur de relire ce coup de cœur découvert dans les années 70 ! Mon exemplaire d’origine est passé dans tant de mains qu’un jour, il ne m’est plus revenu. Il y avait en moi un désir impérieux de le relire et de retrouver le plaisir de la langue truculente de Vincenot : je l’ai donc racheté en poche et relu, retrouvant ainsi la magie de ce roman. Que dire de ce « Pape des escargots », cette « Gazette » se proclamant le dernier druide de Bourgogne et du destin de Gilbert, un jeune paysan sculpteur né ? sinon qu’à travers cette littérature du terroir, cette atmosphère campagnarde tellement vraie et ce langage aux sonorités bourguignonnes, on redécouvre les régions de Saône et Loire et de la Côte d’Or avec des yeux nouveaux. A travers les vaticinations de l’un et la découverte des rapaces de l’art de l’autre, c’est une ballade mythique et mystique à travers les églises romanes, les lieux sacrés de la Bourgogne et le syncrétisme entre le paganisme druidique et les débuts du monachisme chrétien. Un souhait ? Refaire un voyage en Bourgogne avec un autre regard et admirer ses églises et cathédrales avec … un petit pèlerinage à Châteauneuf-en-Auxois. Entre nous, je crois vraiment à la « Vouivre » ! Il me reste aussi à relire « Les étoiles de Compostelle » ! Bonheur !

mardi 27 décembre 2011

SARID, Yishaï, Le poète de Gaza, Actes Sud, actes noirs, 2011 (Grand prix de littérature policière étrangère 2011)




Roman policier/espionnage

Le narrateur (dont on ne connaît pas le nom) est un agent important des services secrets israéliens, spécialisé dans la prévention des attentats terroristes palestiniens. Son rôle : les interrogatoires musclés ! Sa mission : exfiltrer un poète palestinien de Gaza en phase terminale pour atteindre son fils terroriste. Son travail l’obsède et l’accapare tellement qu’il délaisse épouse et fils. L’homme louvoie ainsi entre mission et sens du devoir d’un côté et obligations morales et familiales de l’autre. Quelles vont être ses priorités ?
Original et intéressant !

mardi 20 décembre 2011

SANSOM, C.J., Corruption, Belfond, 2011, 674 p.


Roman policier historique

C’est la 5ème enquête pour Matthew Shardlake, l’avocat sergent royal, bossu, humaniste, incorruptible, obstiné. Il est chargé par la reine Catherine Parr de faire la lumière sur une mystérieuse affaire de tutelle. Shardlake en profitera pour régler deux autres affaires personnelles : découvrir le passé d’Ellen pour qui il a beaucoup de sympathie et celui de son intendant dont il voudrait se débarrasser. Nous sommes en 1545 en pleine guerre franco-anglaise : la flotte française menace de débarquer à Portsmouth et tout le pays est en effervescence. Si l’on excepte quelques longueurs descriptives qui permettent néanmoins au lecteur de se plonger dans cette tension sociale, tant l’intrigue que l’atmosphère sont franchement passionnantes.

lundi 12 décembre 2011

MANKELL, Henning, Le Chinois, Seuil policiers, 2011


        
Le roman commence avec le massacre de 19 personnes dans un tout petit village isolé du nord de la Suède ; seules trois personnes y ont échappé. Commence alors une enquête parallèle : celle de la police et celle d’une juge de Helsinborg qui se sent concernée par la mort des parents adoptifs de sa mère. Au-delà de l’intrigue, Mankell nous fait revivre les conditions de vie des paysans chinois dans la Chine féodale du XIXème siècle, puis l’exploitation des ouvriers étrangers durant la construction de la ligne ferroviaire américaine à la même époque. On arrive alors à Pékin en 2006 où la libéralisation suit son cours : politique qui laisse les pauvres pauvres et fait les riches plus riches grâce à la corruption et au néocolonialisme sino-africain. Ce sont des pages d’histoire et d’actualité revisitées. Finalement, l’intrigue reste très secondaire à côté des réflexions politiques (philosophiques, sociologiques ?) de Mankell. Je suis un inconditionnel de cet auteur et je le reste après ce 14ème roman lu. Un polar peut ne pas être simplement un polar mais il peut aussi amener à réfléchir sur le monde ; ce qu’il a été et ce qu’il est. J’ai beaucoup aimé.

CONSTANTINE, Barbara, Et puis Paulette…, Calmann-Lévy, 2012




Full sentimental !

Ben oui, on a parfois besoin d’un bol d’air, d’un ballon d’oxygène, de sentiments, de gentillesse, de délicatesse sans tomber dans le mièvre. On a parfois envie d’oublier tous les soucis quotidiens, les infos de son journal et des JT, la crise et les actualités... On souhaite partager la vie de personnages généreux. On veut rêver encore et encore! Avec Constantine, c’est garanti : tout y est bonheur, tout y est attendrissant ; même l’âne Cornélius a quelque chose d’humain… et merci monsieur Kleenex ! « Et puis Paulette », c’est un peu la magie de Noël ! (Parution le 04 janvier 2012)

jeudi 1 décembre 2011

CONSTANTINE, Barbara, A Mélie sans mélo, Calmann-Lévy, 2008 (et Livre de Poche)


 
Full sentimental !

- Léo, t’as jamais lu du Constantine ? (Gé, ma libraire !)
- Ben non, connais pas !
- C’est trucnuche, mais ça me fait du bien !
Alors, comme je ne pouvais pas lire « Et puis, Paulette… » qui paraîtra en janvier 2012, je me suis pointé à la biblio et j’ai emporté « A Mélie sans Mélo ». Je ne vais pas vous raconter l’histoire mais (même si je suis un mec), j’ai trouvé ce roman extrêmement rafraîchissant : y a pas d’embrouille, pas d’intrigue, pas de meurtre, pas d’enquête, pas de problème psy… C’est beau, c’est pur, c’est simple, c’est sincère, c’est bio, c’est spontané, ça vient du cœur, ça oxygène, ça fait rêver, c’est plein d’humour et c’est que du bonheur qu’on prend plein la tête !
- Mélie, c’est quoi comme sorte d’oiseaux, déjà ?
- Mésanges bleues.
- Vos anges bleus ? Ah ? Je ne savais pas qu’on pouvait en élever chez soi, des trucs pareils…
Merci, Gé !

lundi 28 novembre 2011

MURAKAMI, Haruki, 1Q84, Livre 2, Juillet-Septembre, Ed. de Noyelles Belfond, 2011


 

Tel un alchimiste, Murakami continue à décanter (déconter ?) son intrigue au goutte à goutte : l’histoire et les destins de Tengo et d’Aomané en 1984 et en 1Q84, espèce de monde parallèle où apparaissent deux lunes. On navigue ainsi entre le monde du réel et un monde quelque peu imaginaire où le merveilleux intervient : les Little People et les chrysalides de l’air. 1Q84 est une espèce de conte philosophique dans lequel on progresse lentement mais avec bonheur. On finit par s’identifier aux personnages et on partage avec eux leur passé, leur présent, leurs rencontres, leurs questions. Il faut prendre le temps de s’imprégner des mots, des phrases, de l’atmosphère ; lire lentement et savourer ce moment de plaisir. J’attends la sortie du 3ème « livre » avec impatience (Mars 2012 ?) pour enfin connaître la suite et la chute.

mardi 22 novembre 2011

BRAGI, Steinar, Installation, Métailié noir, 2011



(Thriller psychologique islandais)

Eva Einarsdóttir et Hrafn habitent et travaillent à New-York mais leur relation bat de l’aile et ils se séparent. Hrafn décide alors de retrouver son Irlande natale. Eva fera de même et, par le biais d’une vague connaissance, elle s’installe dans un appartement hyper aménagé et hyper sécurisé à Reykjavik. Peu après son « installation », Eva commence à se poser des questions sur l’appartement lui-même et sur les autres résidents jusqu’au jour où elle se retrouve prisonnière de ses murs. Dans cette espèce de huis clos, il est question de déprogrammation mentale, de déshumanisation, d’annihilation ! « Big Brother » vous regarde ! Rêve ou réalité ? J’ai trouvé ce roman déstabilisant, hermétique et malsain.

dimanche 20 novembre 2011

PEYRAMAURE, Michel, Un vent de paradis, Le roman des troubadours, Robert Laffont, 2011



Roman historique

Cela faisait longtemps que je n’avais plus lu de Peyramaure (La passion cathare, 3t ; La lumière et la boue, 3t ; L’orange de Noël, Le printemps des pierres…) et c’est donc avec plaisir que j’ai renoué avec le roman historique. « Un vent de paradis » est l’histoire de Peire Jouvenel, herboriste de son métier et apprenti troubadour du XIIème siècle, au temps d’Aliénor d’Aquitaine et à l’aube de l’amour courtois. Une histoire dans l’Histoire et plus qu’un récit, une succession de fresques verbales aux mots oubliés (chaufournée, chanteau, fétuque, hourvari, gyrovaque, manicorde, mandore, psaltérion, chalemelle…) et aux subjonctifs imparfaits qui dépeignent le quotidien et l’atmosphère de cette époque médiévale. Un bémol, cependant : on parle trop peu des troubadours !